En sauvant le soldat Gisaro, l’assemblée nationale se désacralise.
Alexis Gisaro, ministre d’État, ministre des Infrastructures et Travaux Publics, ne s’est pas présenté lundi à l’Assemblée nationale pour répondre à la motion de défiance déposée contre lui vendredi dernier par un groupe de 57 députée nationaux qui s’étaient dit non satisfaits de ses explications lors de la question orale avec débat d’il y a près de deux semaines. Les auteurs de cette question orale avaient annoncé qu’il la transformeraient en motion de défiance comme le prévoit le règlement intérieur.
Alexis Gisaro est finalement sauvé par des arrangements internes à l’Union sacrée qui, en définitive, ont pris le dessus sur le règlement intérieur et la constitution. L’examen de la motion de défiance n’aura tout simplement plus lieu.
Pour cause, les partis majors de la majorité, dont les députés avaient signé ladite motion de défiance, se sont désengagés, à savoir l’UDPS, le MLC, l’UNC, l’AFDC-A, etc.
Bref, les chefs des partis politiques, faits privés, auront été au dessus des députés nationaux, agents de service public de l’Etat. Augustin Kabuya, Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe, Modeste Bahati, Christophe Mboso, Sama Lukonde et autres se sont donc montrés au dessus du règlement intérieur et de la Constitution pour faire échec à l’obligation de recevabilité, au contrôle parlementaire et à la démocratie.
Une clic d’individus viennent, par cette pirouette lourde de signification, de démontrer qu’en RDC les hommes et leurs organisations sont plus forts que l’Etat, puisqu’ils sont au dessus des textes qui le régissent.
Recevabilité, démocratie et contrôle parlementaire jetés aux orties
Pour rappel, un groupe de 57 députés nationaux avaient déposé, vendredi 22 novembre, une motion de défiance contre Alexis Gisaro, ministre d’État, ministre des Infrastructures et Travaux publics qu’ils reprochaient d’incapacité à faire face à l’état de délabrement très avancé des infrastructures de son secteur, et cela malgré les multiples programmes et projets qu’il a eu à piloter dans ce même secteur depuis les trois ans qu’il occupe les mêmes fonctions au sein du gouvernement. « En effet, (…) le Gouvernement de la République, par le biais de votre Ministère, a eu à initier et piloter plusieurs projets de réhabilitation et construction des voiries urbaines, drainages et routes nationales à travers le Pays, entre autres projets : Kinshasa zéro trou, Tshilejelu, etc », écrivent les motionnaires qui regrettent que tous ces projets n’aient pas amélioré ces infrastructures malgré les fonds débloqués.
« Force est de constater malheureusement qu’à ce jour, la plupart des travaux financés ont été lancés et arrêtés par la suite et d’autres n’ont jamais connu un début d’exécution », constatent les députés qui poursuivent : « Fort de l’engagement du Président de la République d’offrir au Peuple Congolais les conditions de vie descentes notamment dans les secteurs sociaux de base, votre ministère peine à traduire en acte la ferme volonté de Son Excellence Felix-Antoine TSHISEKIDI TSHILOMBO pour le bien être de son Peuple. En parcourant le Pays, il s’observe une absence quasi-totale des travaux de grande envergure devant donner une lueur d’espoir d’un lendemain meilleur au Peuple Congolais ».
Et de regretter aussi la disparition des « routes du jour le jour en pleine capitale, miroir et porte d’entrée en République démocratique du Congo » avant de fustiger le dysfonctionnement des structures rattachées et relevant de ce ministère.
Toute cette amertume découle de l’insatisfaction des députés après le passage, près de deux semaines plus tôt, d’Alexis Gisaro qui avait répondu à une question orale sur le même sujet à l’initiative des députés Rubens Mikindo, Trésor Lutala, Vincent Andulu, Elie Kambale, Freddy Bonzeke et Patrick Munyomo.
Congo Guardian