Noyé dans les eaux profondes, P. Beveraggi à la recherche d’un secouriste politique.

Noyé dans les eaux profondes, P. Beveraggi à la recherche d’un secouriste politique.

Voici ce que dévoile Africa Intelligence dans le différend qui oppose la société Astalia de Moïse Katumbi à Octavia de Pascal Beveraggi.

Lengonyalengi.net reprend ici, les 11 points développés par Africa intelligence après l’étude d’une centaine des documents qui entourent l’affaire.

  1. Se trouvant à la tête de la société MCK Trucks rachetée par le groupe français Necotrans, alors crépusculaire, Monsieur Pascal BEVERAGGI a tout fait pour se positionner lors de la faillite, en juin 2017, de la firme française. Via sa société domiciliée à Dubaï, Octavia Limited, il a racheté pour une bouchée de pain les activités du groupe français en République Démocratique du Congo au Tribunal de Commerce de Paris. Dans la foulée, il a rebaptisé la Société au nom de NB Mining. Une acquisition contestée par Monsieur Moïse KATUMBI qui n’a jamais vu l’entièreté des millions promis lors de la vente de MCK Trucks à Necotrans.
  2. S’il était peu familier au terrain congolais à son arrivée à Lubumbashi, Monsieur Pascal BEVERAGGI a rapidement fait montre d’une certaine habileté à tirer profit du paysage politique congolais. D’abord en tissant sa toile dans le clan de Joseph KABILA, notamment auprès du Général John NUMBI, exploitant ainsi la violente inimitié du clan envers Monsieur Moïse KATUMBI, rallié à l’opposition. Ces nouvelles relations lui ont permis d’avoir les coudées franches, notamment lorsque son rachat en 2017 de MCK a été invalidé par la justice Française.
  3. La sortie, fin 2022, d’ENSEMBLE pour la République, formation politique de Moïse KATUMBI, de l’Union Sacrée formée par le Président de la République TSHISEKEDI TSHILOMBE, a été l’occasion pour Pascal BEVERAGGI de se rapprocher de l’exécutif congolais. Où l’on craint toujours autant la puissance financière du candidat Monsieur KATUMBI lors de la présidentielle prévue en décembre. Car l’enjeu est de taille pour l’ancien gouverneur : plusieurs dizaines de millions de dollars d’actifs recensés, ainsi que la réputation d’un homme politique soucieux d’apurer enfin un passé devenu encombrant.
  4. MCK Trucks était une entreprise florissante qui a sombré. A son arrivée à la tête de la société en 2016, Monsieur Pascal BEVERAGGI s’est empressé de créer une myriade de sociétés dont il était l’actionnaire unique ou majoritaire, que ce soit en République Démocratique du Congo, en Guinée ou aux Emirats Arabes Unis.Ces entités, dont l’activité réelle demeure sujette à caution, ont passé de très nombreux contrats de service avec NB Mining, qui ont été facturés à plusieurs dizaines des millions de dollars. Par exemple : la Société Gulu General Trading, enregistrée à Dubaï avec pour seul actionnaire Monsieur Pascal BEVERAGGI, a enregistré de Mai à Novembre 2016 Onze (11) virements de NB Mining pour un montant total de 4,5 millions de dollars. Et les libellés de ces paiements, particulièrement flous, font mention de « factures » et de prestations de « consultance », « d’assistance » ou « d’ingénierie technique ». S’il est difficile de connaître la nature exacte des prestations rendues en échange de ces paiements, le recours des entreprises tierces contrôlées par Monsieur pascal BEVERAGGI est devenu peu à peu quasi industriel.
  5. Certains de ces règlements se sont retrouvés de manière inattendue devant la justice. En Septembre 2022, le parquet de Lubumbashi s’est tourné vers un expert, le Cabinet MKM Consulting, pour tenter de faire la lumière sur des factures adressées par NB Mining à son Conseil, l’Avocate Congolaise Dorothée MADIYA MWAMBA.
  6. Selon l’audit interne de NB Mining, près de 10,9 millions de dollars lui ont été réglés entre 2016 et 2017. C’est sur cette base que les services de la vérification des impôts de la Direction Générale des Impôts (DGI) ont interpellé l’Avocate en 2021 pour lui réclamer le paiement de la TVA afférente à ces paiements. Dorothée MADIYA MWAMBA a rapidement contesté ce montant en affirmant ne pas reconnaître 39 factures sur les 89 répertoriées dans les livres de NB Mining, et qui représentent un peu plus de 9,9 millions de dollars. Les conclusions d’un expert-comptable mandaté par la justice à ce sujet, se révèlent accablantes pour la direction de NB Mining. Selon lui, les 39 factures en question, dont le modèle ne correspond pas à celui utilisé par le Cabinet de l’Avocate, n’ont donné lieu à aucun transfert bancaire en faveur de cette dernière. Les quelques 9,9 millions de dollars ont en revanche bel et bien été décaissés en espèces au moyen de plusieurs chèques signés de la main du Directeur Financier de la Société NB Mining, Monsieur Laurent DUBOIS, auprès d’Ecobank. Lequel a ensuite certifié dans un document comptable interne que les fonds retirés étaient destinés au Cabinet de l’Avocate. D’après MKM Consulting, « l’identité du Cabinet a servi de moyen technique et comptable pour retirer en toute sécurité les fonds qui ont été affectés à d’autres fins ».
  7. Conséquence d’une gestion jugée erratique, de la perte de plusieurs contrats majeurs, et d’un chiffre d’affaires en chute libre : la Société NB Mining a été placée en liquidation judiciaire en juin 2018. Les circonstances mêmes de cette liquidation posent plusieurs questions. C’est ce qui ressort d’une lettre signée en Septembre 2018 par le Commissaire aux comptes de NB Mining, AJM & Associates portant la mention « révélation des faits délictueux », adressée aux Procureurs Généraux près la Cour de Cassation et de la Cour d’Appel du Haut-Katanga.
  8. Dans ce document, l’auditeur s’étonne du remboursement, quelques mois avant le placement en liquidation judiciaire de la société, d’une créance d’environ 9,6 millions de dollars à Congo Global Opérations (CGO), une société elle aussi contrôlée par Monsieur Pascal BEVERAGGI. Or, en plus de représenter une somme excédant largement le chiffre d’affaires annuel de ladite société, l’auditeur note qu’il s’attendait plutôt de voir CGO s’acquitter de ses factures auprès de la Société NB Mining pour l’emploi de ses engins sur la mine de Tilwezembe appartenant au Suisse Glencore via de sa filiale Kamoto Copper Co (KCC). En d’autres termes, la Société NB Mining est suspectée d’avoir gracieusement mis à profit ses machines à une entreprise tierce, et à qui elle a versé près de 10 millions de dollars.
  9. A la suite de la liquidation de NB Mining, une nouvelle entité a été créée sous la dénomination de NB Mining Africa, afin de poursuivre ses activités de la sous-traitance minière. Cette opération a été rendue possible par la saisie, peu avant la liquidation, de l’ensemble des biens matériels de NB Mining qui ont été attribués sur décision du Tribunal de Commerce de Lubumbashi à Octavia Limited. Loin d’être négligeable, la valeur de ces biens représente quelque 41 millions de dollars. La justice Congolaise les a restitués à OCTAVIA LIMITED sur base d’une créance de 24 millions de dollars détenue par la Société NB Mining. Or, cette dette, selon l’auditeur, est en réalité un tour de passe-passe comptable, qu’il qualifie de « totalement illégal et interdit par la loi ».
  10. Cette saisie-attribution a aussi permis à OCTAVIA Limited de facturer à NB Mining Africa de centaines de milliers de dollars. Désormais détentrice des locaux et autres biens matériels de NB Mining, OCTAVIA a conclu en juillet 2018 un contrat avec la nouvelle structure pour que celle-ci puisse jouir de ses anciens bureaux. Le loyer mensuel du bail : 50.000 USD. Elle a fait également louer à la Société NB Mining Africa les machines et autres engins de chantier, dont la société mise en liquidation était propriétaire. Le contrat en question est fixé cette fois à 200.000 USD par mois.
  11. L’affaire opposant Moïse KATUMBI à Pascal BEVERAGGI est une affaire dont les rebondissements sont émaillés d’autant d’accusations d’interférences politiques. En décembre 2022, un juge chargé du dossier des saisies réclamées par OCTAVIA, Monsieur Laurent BATUBENGA ILUNGA, a démissionné de son poste, en arguant de présumées menaces proférées à son encontre par Monsieur Peter KAZADI, alors conseiller juridique du Président TSHISEKEDI et désormais Vice-Premier Ministre en charge de l’Intérieur. Selon le Juge, ce dernier voulait faire pression pour aller dans le sens des intérêts de Monsieur Pascal BEVERAGGI.

Africa intelligence/JL

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