Tribune à forts décibels de Joseph KABILA: sous une pluie de critiques acerbes, il a pourtant provoqué le vrai débat.

Tribune à forts décibels de Joseph KABILA: sous une pluie de critiques acerbes, il a pourtant provoqué le vrai débat.

La dernière sortie de Joseph KABILA , ancien président de la République Démocratique du Congo, a fait exploser non seulement la toile mais surtout les différents salons politiques. Plus d’un lustres de silence, le sénateur à vie s’est exprimé sur la situation actuelle du pays à travers une tribune publiée dans un journal sud africain .

C’est quoi une tribune ?

En journalisme ,une tribune du reste libre est définie comme un genre journalistique de presse écrite d’expression libre et publique d’idées, d’avis, de critiques laissés à la responsabilité de leurs auteurs. Par extension,la tribune libre désigne aussi la rubrique ouverte au public dans un autre media (Télévision, radio, internet,etc.). C’est ainsi que Google définit de manière simpliste la tribune.

Pourquoi Joseph KABILA a choisi la Presse écrite ?

Pour plusieurs analystes, le débat est ambivalent. D’abord, son choix de le faire par écrit se justifie par le fait que le taiseux a choisi une modalité discursive difficile d’accès au commun des mortels car il veut certainement réservé le contenu aux initiés. Veritable piège pour ceux qui ont juste lu.

Mais le grand public n’est certainement le destinateur premier de cette tribune. Il existe une cible bien choisie qui tirera certainement profit de ces lignes et saura comment bien aborder le problème de la région des Grands lacs.

En second lieu, il aligne des griefs sans expliquer en profondeur et il en aligne beaucoup. Il a provoqué un débat sans avancer réellement ses arguments comme s’il estimait que les faits allégués étaient des évidences. Pas sûr qu’il ne revienne tantôt sur les arguments pour étayer ses allégations.

Une vraie Macédoine d’interrogations qui n’est comestible qu’aux plus avisés.

Qu’a-t-il dit en substance?

« Au début de l’année 2019, l’Afrique et le monde ont salué la première transition pacifique du pouvoir entre un président sortant et un président entrant en République démocratique du Congo (RDC). Malheureusement, ces acclamations furent de courte durée, car le président Félix Tshisekedi a rapidement déchiré l’accord qui sous-tendait la nouvelle configuration politique.

Depuis lors, la situation en RDC n’a cessé de se détériorer, au point que le pays est aujourd’hui au bord de l’implosion en raison d’une guerre civile menaçant de déstabiliser toute la région. Si cette crise et ses causes profondes ne sont pas traitées de manière adéquate, toute tentative d’y mettre fin sera vaine.

Pour restaurer la paix et la stabilité dans l’est de la RDC, il est essentiel de résoudre la question des groupes armés nationaux et étrangers présents sur le sol congolais. Toutefois, contrairement à ce que les autorités de Kinshasa veulent faire croire, la crise ne se limite ni aux actions inconsidérées du M23 – présenté de manière trompeuse comme un groupe anarchiste, simple marionnette d’un État étranger sans revendications légitimes propres – ni aux désaccords entre deux pays voisins, la RDC et le Rwanda.

La crise en RDC remonte à 2021 et est multidimensionnelle. C’est une crise sécuritaire et humanitaire, mais aussi – et surtout – une crise politique, sociale, morale et éthique. Cet aspect est minimisé, voire ignoré, par les partenaires de la RDC et les organisations internationales, y compris la SADC.

À l’échelle nationale, la principale cause et le moteur de cette crise est la volonté claire et affirmée des dirigeants actuels de la RDC de briser le Pacte républicain. Cet accord, issu du dialogue inter-congolais de Sun City, a conduit à l’adoption, par référendum populaire, de la constitution de 2006.

Véritable socle de stabilité et de cohésion nationale, ce pacte – facilité par les anciens présidents Ketumile Masire du Botswana et Thabo Mbeki d’Afrique du Sud – a permis de mettre fin à plusieurs années de guerre civile, de réunifier le pays, d’organiser trois élections réussies et d’assurer la première transition pacifique du pouvoir depuis l’indépendance.

La remise en question de ce Pacte républicain s’est d’abord traduite par des violations délibérées et répétées de la constitution et des lois du pays. Ensuite, il y a eu les élections frauduleuses de décembre 2023, organisées en violation du cadre légal et des normes internationales, ce qui a amplifié l’illégitimité du pouvoir en place, réduit artificiellement le poids de l’opposition politique et fait du chef de l’État le maître absolu du pays. Tshisekedi a également annoncé publiquement sa ferme intention de modifier la constitution.

Les conséquences de cette situation sont désastreuses. C’est un immense recul démocratique. Le régime en place a muselé toute forme d’opposition politique. Intimidations, arrestations arbitraires, exécutions sommaires et extrajudiciaires, ainsi que l’exil forcé de politiciens, journalistes et leaders d’opinion, y compris des chefs religieux, sont les principales caractéristiques de la gouvernance de Tshisekedi.

Le monde observe si l’Afrique du Sud – connue pour son humanisme et ses valeurs – continuera à envoyer des troupes en RDC pour soutenir un régime tyrannique et combattre les aspirations du peuple congolais.

Toute tentative de résolution de cette crise qui ignorerait ses causes profondes – au premier rang desquelles la gouvernance actuelle de la RDC – ne conduira pas à une paix durable. Les innombrables violations de la constitution et des droits humains, ainsi que les massacres répétés de la population congolaise par la police et l’armée de Tshisekedi, ne prendront pas fin avec la conclusion réussie de négociations entre la RDC et le Rwanda, ni avec la défaite militaire du M23.

Étant donné l’histoire de ses États membres, la SADC devrait mieux savoir. Les doléances du peuple congolais contre son gouvernement doivent et devront être prises en compte. La persistance de la mauvaise gouvernance actuelle mènera inévitablement à de nouvelles crises politiques, à l’insécurité, à l’instabilité institutionnelle, aux conflits armés, voire à une guerre civile.

Cette crise exige une solution globale – et pas uniquement l’envoi de troupes et d’équipements militaires. Cela reviendrait à gaspiller des ressources précieuses en soutien à une dictature, au lieu d’aider la RDC à avancer vers la démocratie, la paix et la stabilité, et à devenir un atout pour la région d’Afrique australe et le continent tout entier.

Le monde observe si l’Afrique du Sud – connue pour son humanisme et ses valeurs – continuera à envoyer des troupes en RDC pour soutenir un régime tyrannique et combattre les aspirations du peuple congolais. »

Voilà ce qu’a pondu Joseph KABILA, ancien Président de la République Démocratique du Congo durant 18 ans. On peut voir cette tribune sous plusieurs prismes mais en toile de fond, elle a met en exergue le vrai débat à aborder en République Démocratique du Congo et dans la région des Grands lacs.

Bravo zulu

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